Théâtre : Le clan des divorcés



Synopsis

Cette comédie met en scène trois femmes qui divorcent, Stéphanie d'Humily de Malanpry, une bourgeoise qui quitte un berger ardéchois, Mary Bybowl, une british un peu délurée qui, elle, quitte un homme de plus et Brigitte la rurale qui elle aussi divorce.


Critiques

Le Clan des divorcées : du réchauffé!

En temps de crise, un joyeux divertissement ne fait pas de mal, certes. S'il n'est pas conçu pour éveiller les consciences, il procure néanmoins du plaisir, pour peu que la magie du spectacle opère. Malheureusement, la comédie mise en scène par Hazis Vardar n'évite aucun des écueils du théâtre de boulevard. Débordante de clichés, sans surprise, l'aventure de ces trois jeunes femmes divorcées flirte amèrement avec le sentiment de déjà-vu.

Ainsi, vous n'échapperez pas à l'incontournable discussion féminine sur les hommes et leur insupportable manie de laisser la lunette des toilettes baissée... Vous n'échapperez pas non plus à l'imitation du "beauf" de service installé bien confortablement dans son canapé, une main dans le pantalon l'autre sur la zapette, demandant à sa femme : "Qu'est ce qu'on mange ce soir?". Bref, du point de vue de l'originalité : peut mieux faire.

D'autant que du côté des personnages, là-aussi, les clichés ne manquent pas : La blonde écervelée à forte poitrine, la bourgeoise coincée, et la campagnarde franche du collier. Vous n'en avez pas assez des banalités? Alors voici un petit florilège des meilleures répliques : "Il est parti comme un lâche, enfin, comme un homme"; "elle est chaude comme une baraque à frite"; "1m49, 148 kg. Mais c'est un kinder surprise!"; "le meilleur endroit pour trouver des thons, c'est en boite".

Si le spectacle ne lésine pas sur les blagues carambar, il fait parfois appel à la finesse. Jugez plutôt la remarque de Brigitte, la provinciale, découvrant l'appartement de Stéphanie : "Vous avez fait venir la grosse de M6 pour la déco?". Enfin, the last but not the least, la douce Brigitte emménage chez la bourgeoise, aidée par un déménageur qu'elle surnomme au passage "le pakistanais". Elle le remerciera plus tard avec tact : "Quoi ton pourboire? Tu demanderas à Ben Laden!". Bof...

Johnny 6 coups

Une comédie efficace

Voila une pièce de théâtre bien sympathique pour débuter l’année. Une recette simple mais efficace compose la trame. Trois personnages, trois tempéraments diamétralement opposés, dans une situation commune : le célibat après le divorce. Bien sur, les clichés sont légions et l’innovation ne pointe pas trop le bout de son museau. Mais les rires sont au rendez-vous alors que demander de plus ?

Trois archétypes donc, que l’on identifie aisément dès la première apparition. La bourgeoise au sang bleu (et même que « ça ne fait pas mal »), la blonde aux mœurs légères et la rurale, plus proche du poney que de la jument de compétition. Ce n’est pas moi qui le dis, c’est dans le scénario ! Le mètre 80 bien dépassé, la corpulence d’un rugbyman, les jambes en friches et le timbre doux et délicat d’un baryton enroué... Heureusement, ce troisième personnage n’est pas – toutes mes excuses pour la révélation – interprété par une femme mais par un authentique gaillard qui, je vous l’assure, est tout de même mieux proportionné une fois son genre retrouvé.

Mon insistance sur ce personnage, Brigitte de son petit nom, provient de son omniprésence sur scène. Les répliques percutantes lui sont toutes dévolues sans exceptions. La niaiserie de ses deux blondes de colocataires n’a en effet que pour effet d’accentuer la présence d’une Brigitte sur-vitaminée qui les vampirise du début à la fin. Néanmoins, le trio fonctionne, sans aucune baisse de rythme ni aucun gros travers.

Les dialogues consistent pour la plupart en des jeux de mots qui font mouche à tous les coups, sans trop de complexité. Après tout, dans ce genre de productions, on ne vise pas du Sacha Guitry mais un style plus soft, plus moderne aussi, pour faire oublier la semaine de boulot. La gestuelle est quant à elle très efficace. Quelques pauses sauront déclencher les rires sans répliques. A noter, l’intéressante – et inoubliable – trouvaille quand notre amie Brigitte allume un gigantesque poireau et entreprend de le fumer. A ne pas expérimenter chez vous !

Donc au final, la salle est comble et le public comblé. Je dis Amen.

Ben XVI




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