Située sur le Cours Mirabeau, la
galerie d’art du Conseil Général des Bouches du Rhône expose une collection de
clichés photographiques du 10 février au 9 avril. Plus d’une vingtaine
d’artistes photographes proposent leurs visions de l’esthétisme sur le thème de
l’eau. La facture n’est pas salée, c’est gratuit !
Une invitation à
prendre le large
Ne vous attendez pas à une exposition aux ambitions
démagogiques. Au contraire, c’est une bonne surprise de ne pas se retrouver
dans un traquenard écologiste ou tout au moins moraliste sur notre consommation
d’eau. Seule notre sensibilité esthétique est sollicité.
On est accueilli dès l’entrée par
des clichés familiers. L’éternel Doisneau nous offre ses personnages réjouis :
des enfants dans un torrent, un autre penché et contemplant un caniveau en
crue. D’autres photographes, on retrouve le même esprit : photos en noir
et blanc, des pavés, des ruelles et toujours ces inconnus, floutés par l’eau de
pluie.
Puis, plus loin, on passe à la
mélancolie. Des ciels couvrant des horizons, les envers se confondent et les
nuages deviennent houles. Quelques clichés de Véronique Ellena de la plage de
Sète semblent ressusciter le souvenir d’un Brassens émouvant dans sa supplique
pour être enterré en ce même lieu. En écho raisonne son verbe :
« C’est une plage où même à ses moments furieux, Neptune ne se prend
jamais trop au sérieux ».
On quitte ainsi la France pour
des lieux plus sauvages, désertiques aussi. Le froid domine, avec les Fjords de
Thibaut Cuisset et l’Arctique de Yann Arthus Bertrand, où un bateau navigue sur
une mer craquelée de morceaux de glaces, formant une mosaïque. Le cliché géant
d’un glaçon en train de fondre, libérant progressivement une figurine en
plastique, laisse quant à lui incrédule. Plus loin, Tombelaine, d’Elger Esser,
offre une totale confusion par son ton jaunâtre. Est-ce un désert de sable ou
une étendue d’eau qui cerne un bastion de terre, ressemblant à s’y méprendre au
Mont St Michel ?
Un dernier pour la route ?
Jack Pierson conclue parfaitement la visite avec son cliché d’une vaguelette
linéaire qui tranche la mer, lentement, progressivement, troublant l’horizon
d’une écume blanchâtre. On sentirait presque l’iode.
Une exposition globalement rafraichissante, sans aucune
violence, qui pourrait se résumer à cette philosophie, « vivre d’amour et
d’eau fraîche ». Qu’y a-t-il de plus Chrétien ?
Ben XVI
Que serait Yann Arthus Bertrand sans son hélicoptère ?
Une invitation à prendre le large, certes, mais au sens propre ! Pas question de s’attarder tant la galerie d’art du Conseil général des Bouches-du-Rhône fait pâle figure. C’est tout juste si l’endroit sert d’abri l’espace d’un instant aux malheureux transis de froid ayant eu la mauvaise idée de se promener par -10°C un dimanche après-midi sur le Cours Mirabeau. Et méfiez-vous des apparences ! Evitez de tendre 20 centimes d’euros à l’entrée, vous n’êtes pas en face de dame pipi. La simplicité des lieux et le léger son de l’eau s’écoulant qui émane de la salle du fond donne l’impression d’entrer de plain-pied dans une pissotière – c’est à s’y méprendre.
Une fois la confusion dissipée, on se sent comme naturellement attiré par le bruit incessant de la mystérieuse pièce du fond. Le suspense est à son comble. Tout comme l’est la déception qui vous enlace lorsque vous tombez nez à nez avec l’une de ces insensées œuvres filmographiques : plusieurs boîtes crâniennes surnagent à la surface d’une étendue d’eau… « La vidéo de Douglas Gordon s’inscrit comme une vanité où l’eau balance, hésite entre beauté et sauvagerie ». Si vous le dites, Agnes de Gouvion Saint Cyr… Avec une telle explication et un nom pareil, La responsable de l’exposition nous rappelle finalement à notre condition de petites gens, insignifiants, incultes, incapables de cerner la subtilité de l’œuvre.
Mais dans le fond, la photographie, est-ce véritablement un art ou n’est-ce qu’une technique, un art qui imite l’art ? Franchement à y regarder de plus près, la question vaut le détour. Dans La pluie Barre, Patrick Tosani utilise clairement la technique pour faire en sorte que les gouttes d’eaux aient l’air de stalactites, comme s’il « pleuvait des cordes ». De son côté, Yann Arthus Bertrand photographie, comme à son habitude vue du ciel, un iceberg au milieu de l’océan arctique – mais que serait-il sans son hélicoptère ?
Et que dire de l’image, signée Lucia Gianeva, prise sur le vif… d’une peinture ou simple tapisserie sur laquelle on distingue un cygne déployant ses ailes au devant d’une fontaine. Même notre experte en la matière, Agnes de Gouvion Saint Cyr, via le fascicule de présentation, n’a su qu’en penser, c’est dire. Suite à ces énigmes artistiques, figure toute une série de clichés que ma petite sœur, tout juste sortie de l’adolescence, aurait pu prendre sans difficulté.
C’est le cas des différentes œuvres représentant des couchés de soleil et autres paysages entre ciel et mer. Dans ce registre, Hiroshi Sugitimo aurait mieux fait de s’abstenir. Quel intérêt de prendre des photographies de l’horizon quand il fait nuit ? Alors là, il faut m’expliquer parce que je n’ai rien vu… Dans cette exposition vous pourrez également admirer quelques gouttes de la rosée du matin sur une feuille de capucine, âmes sensibles s’abstenir.
Bref, au sortir de l’expo, on se demande vraiment de qui, de l’appareil ou du photographe, dépend le cliché. A méditer.
Que serait Yann Arthus Bertrand sans son hélicoptère ?
Une invitation à prendre le large, certes, mais au sens propre ! Pas question de s’attarder tant la galerie d’art du Conseil général des Bouches-du-Rhône fait pâle figure. C’est tout juste si l’endroit sert d’abri l’espace d’un instant aux malheureux transis de froid ayant eu la mauvaise idée de se promener par -10°C un dimanche après-midi sur le Cours Mirabeau. Et méfiez-vous des apparences ! Evitez de tendre 20 centimes d’euros à l’entrée, vous n’êtes pas en face de dame pipi. La simplicité des lieux et le léger son de l’eau s’écoulant qui émane de la salle du fond donne l’impression d’entrer de plain-pied dans une pissotière – c’est à s’y méprendre.
Une fois la confusion dissipée, on se sent comme naturellement attiré par le bruit incessant de la mystérieuse pièce du fond. Le suspense est à son comble. Tout comme l’est la déception qui vous enlace lorsque vous tombez nez à nez avec l’une de ces insensées œuvres filmographiques : plusieurs boîtes crâniennes surnagent à la surface d’une étendue d’eau… « La vidéo de Douglas Gordon s’inscrit comme une vanité où l’eau balance, hésite entre beauté et sauvagerie ». Si vous le dites, Agnes de Gouvion Saint Cyr… Avec une telle explication et un nom pareil, La responsable de l’exposition nous rappelle finalement à notre condition de petites gens, insignifiants, incultes, incapables de cerner la subtilité de l’œuvre.
Mais dans le fond, la photographie, est-ce véritablement un art ou n’est-ce qu’une technique, un art qui imite l’art ? Franchement à y regarder de plus près, la question vaut le détour. Dans La pluie Barre, Patrick Tosani utilise clairement la technique pour faire en sorte que les gouttes d’eaux aient l’air de stalactites, comme s’il « pleuvait des cordes ». De son côté, Yann Arthus Bertrand photographie, comme à son habitude vue du ciel, un iceberg au milieu de l’océan arctique – mais que serait-il sans son hélicoptère ?
Et que dire de l’image, signée Lucia Gianeva, prise sur le vif… d’une peinture ou simple tapisserie sur laquelle on distingue un cygne déployant ses ailes au devant d’une fontaine. Même notre experte en la matière, Agnes de Gouvion Saint Cyr, via le fascicule de présentation, n’a su qu’en penser, c’est dire. Suite à ces énigmes artistiques, figure toute une série de clichés que ma petite sœur, tout juste sortie de l’adolescence, aurait pu prendre sans difficulté.
C’est le cas des différentes œuvres représentant des couchés de soleil et autres paysages entre ciel et mer. Dans ce registre, Hiroshi Sugitimo aurait mieux fait de s’abstenir. Quel intérêt de prendre des photographies de l’horizon quand il fait nuit ? Alors là, il faut m’expliquer parce que je n’ai rien vu… Dans cette exposition vous pourrez également admirer quelques gouttes de la rosée du matin sur une feuille de capucine, âmes sensibles s’abstenir.
Bref, au sortir de l’expo, on se demande vraiment de qui, de l’appareil ou du photographe, dépend le cliché. A méditer.
Johnny 6 coups
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