Propos : au Parc Chanot durant un week-end (le 18 et 19
février), l’édition 2012 d’Eropolis, le salon de l’érotisme, réuni de nombreux passionnés et professionnels
de ce secteur.
Eropolis ou le spectre de Sodome et Gomorrhe
On en ressort assez déboussolé, c’est
rien de le dire. Il y a des choses auxquelles on peut s’attendre. Et d’autres
totalement invraisemblables.
Commençons avec le soft. Trainant
assez dans la longueur mais esthétiquement agréable, des effeuillages ont lieu
régulièrement sur une scène. Les scénarios sont recherchés et parfois amusant.
Sous un air de musique classique, puis de techno, une Marie-Antoinette se dévête
sensuellement pendant près d’un quart d’heure. Très instructif.
Du côté des stands, on trouve des
objets bien curieux. Du vibromasseur au fouet, en passant par la combinaison en
latex, tous les accessoires imaginables, ou presque, sont disponibles à la
vente. De quoi aider les couples à recouvrer l’inspiration.
Pour la deuxième partie de
l’exposition, on passe dans un autre monde. Quand l’érotisme est l’art de
susciter le désir par le jeu du fantasme, de l’inassouvi, le spectacle offert
en ce lieu ne colle plus avec l’intitulé du salon. L’érotisme sous toutes ses
formes, je veux bien. Mais à aucun moment l’érotisme ne doit être confondu avec
la pornographie. Bien que prévenu quand on passe le rideau, qui donne
d’ailleurs lieu à un petit supplément tarifaire, le spectacle rentre totalement
dans cette seconde catégorie.
Extraits de films X, Making of en
live, séances privées avec une – voire deux ! – intermittente du
spectacle… Sans oublier de nombreux shows sur une scène aux allures de ring:
« Nous avons besoin de trois volontaires, trois mecs pas trop
pudiques » claironne l’animateur. Ça pour ne pas être pudique, il ne faut
pas l’être. S’en suit une demi-heure que je ne peux décemment décrire ici même.
Les trois pauvres gars se retrouvent alors dans la même situation que le morceau
de chaire qu’ils étaient venu reluquer. Consternant.
En définitive, ceux qui iront à
ce genre de manifestations savent à quoi s’attendre. Les couples trouveront de
quoi pimenter leurs relations, les groupes d’amis iront sans doute pour le
délire et les célibataires solitaires chercheront… je ne sais pas ce qu’ils
chercheront mais je préfère ne pas le savoir ! Quant à mon avis sur la
pornographie, je reste sur ma position, en bon missionnaire. On ne rigole pas
avec la colère Divine.
Ben XVI
Quand la pornographie pénètre le salon de l’érotisme
Entre « Emmanuelle » et « Bienvenue chez les ch’tites coquines », le salon de l’érotisme a tranché. Certes, à l’entrée l’ambiance reste soft : une fille en petite tenue par-ci, des stands de sex toys par-là, une série de palmiers lumineux pour réchauffer l’atmosphère ; rien d’alarmant. Un passage au devant de la scène installée en face du comptoir – rappelant le bar à strip-tease – rassure ; rien de malsain pour l’instant. Les effeuillages de jolies plantes se passent dans la plus pure tradition du Moulin Rouge ou du Crazy Horse. On crierait même à la façon du loup de Tex Avery : « Hoo-hoo! hoo-hoo », afin d’exprimer notre contentement.
Seulement voilà, sorti de ces quelques attractions, le spectacle s’avère maigre. Une stratégie simple pour nous mener le plus rapidement possible – moyennant une petite rétribution - vers l’espace « hot ». Une fois le rideau franchi, nous voilà dans l’envers du décor. A chaque stand figure deux ou trois jeunes filles dénudées, escortées par un homme qui se différencie du proxénète par le simple fait qu’il prend la carte bleue… Ces hôtesses de charme proposent, à différents tarifs, toutes sortes de shows privés se déroulant sous une toile de fortune. Des extraits de films X ainsi qu’une multitude de DVD porno en vente libre sur les étales viennent parfaire le décor déjà lugubre.
Enfin, une scène, plus spartiate celle-ci, ouverte sur chacun des côtés comme pour mieux reluquer la chaire fraiche, occupe l’espace restant. Autour d’elle, toute une troupe composée pour l’essentielle d’hommes attend. Quand soudain, le speaker choisit trois volontaires « non pudique » à monter sur l’estrade. Ces derniers regretteront leur acte cinq minutes plus tard quand Eva l’Ange, Leur bourreau, les déshabillera en public. La suite du show, allant d’humiliations en humiliations, ne vaut pas la peine d’être raconté.
Une chose est sûre : on sort choquer d’une telle représentation. Dans ce salon, l’érotisme ne semble finalement qu’un prétexte pour rallier le plus grand nombre vers un monde sans pudeur et sans vergogne, celui de l’industrie du sexe.
Johnny 6 coups